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La côte de Tire-Cul en hiver

INTRODUCTION

Ecrire l’histoire de la Grésigne, c’est d’abord décrire et analyser l’évolution d’un massif forestier et celle de sa gestion par l’administration de l’Etat, bras séculier d’un pouvoir central dont l’un des soucis majeurs fut d’être confronté aux aspirations d’un environnement local humain et institutionnel au sujet d’une forêt convoitée. En effet, les archives que nous avons pu consulter sur l’histoire de cette belle et très ancienne forêt montrent que les relations étroites et diverses entre les communes grésignoles, furent souvent difficiles et conflictuelles non seulement avec le pouvoir central, mais aussi dans les rapports intercommunautaires.

Ecrire l’histoire de la Grésigne c’est donc aborder l’histoire des hommes qui vécurent autour de cette forêt, qui y travaillèrent et qui en utilisèrent l’espace et les produits de façon différente selon les époques. C’est donc, par là-même, faire une approche essentielle de l’un des aspects communs et spécifiques appartenant à la longue et très riche mémoire des pays grésignols. Approche indispensable à qui veut comprendre leur originalité présente pour mieux saisir leur possible évolution future. Toute mémoire conservée du passé est en effet prometteuse de son avenir.

Certes, ces petits pays grésignols présentent une forte unité caractérisée par leur isolement et leur relative pauvreté. Cependant ils demeurent différents selon leur proximité plus ou moins grande avec la Grésigne qui détermine l’importance plus ou moins marquée de cette forêt dans leur propre passé.

Voilà donc des pays grésignols avec leurs villages périphériques à la Grésigne qui se tiennent la main autour d’un espace forestier occupant un lieu central bien particulier et vide de lieux habités, mais qui regardent ailleurs, selon que leurs causses, leurs « frau » et leurs « grèzes » les rattachent aux gorges de l’Aveyron au nord, que leurs  « segalas » et leurs « terreforts » les rapprochent du Bas-Rouergue et du Pays du Haut-Albigeois cordais au nord-est, que leurs mollasses argilo-calcaires les relient au Bas-Albigeois gaillacois vers l’est et le sud-est, sinon les situent aux portes du Bas-Quercy montalbanais ou caussadais vers l’ouest et le sud-ouest.

La Grésigne reste, en effet, entre vallées de Vère et d’Aveyron, plus qu’une borne, un pays de marche, c’est-à-dire un pays-frontière et de confluence qui sépara l’aire des populations gauloises Ruthènes de celle des Cadurques, puis le Royaume wisigoth des possessions franques. S’y côtoyèrent, longtemps après, les influences huguenotes et catholiques sur les limites territoriales qui séparaient le Haut-Languedoc de la Haute-Guyenne, provinces qui ont donné naissance autour de la Grésigne, lors de la Révolution, aux départements limitrophes du Tarn, du Lot et de l’Aveyron avant de faire place en 1808 au petit dernier du Tarn-et-Garonne.

Forêt primaire et sauvage qui fut et reste encore isolée au nord du pays toulousain, à la marge de la partie nord-ouest de l’Albigeois et de la partie sud-est du Quercy, la Grésigne se trouve équidistante à la fois des régions languedociennes méditerranéennes, d’où nous vient le vent d’autan, et des régions d’Aquitaine, d’où nous recevons les vents atlantiques et les influences océaniques. Selon les expositions, la végétation des pays grésignols traduit bien cette dualité méditerranéenne et atlantique qui se caractérise, par exemple, par la présence de chênes verts, de chênes pubescents et d’érables de Montpellier sur les versants tournés vers le sud ou vers l’est, tandis que sur ceux exposés à l’ouest, poussent le chêne sessile (chêne rouvre) et le châtaignier qu’accompagne le hêtre sur les sommets les plus élevés.

L’originalité des pays entourant la Grésigne tient à cette unité dialectique liée aux forces centripètes et centrifuges qui caractérisent tout système ayant à la fois un centre bien identifié, mais ici vide de présence humaine, et une périphérie subissant des influences extérieures multiples. Ces caractéristiques liées à sa situation géographique, et que confirment les divers éléments climatiques et géologiques en particulier, sont indispensables à prendre en compte pour qui veut comprendre et saisir l’histoire de la Grésigne et de ses abords.

La Grésigne n’a de sens et d’existence historique que si on l’englobe en effet dans son environnement humain, celui des villages et des hameaux qui l’entourent et qui ont conservé une très une forte personnalité, malgré la dépopulation et l’exode qu’ils ont subi depuis le milieu du 19ème siècle ; un exode aussi important que celui des zones montagneuses qui, de façon continue, les a vidées des quatre-cinquièmes de leur population depuis 1850.

Cependant, à l’aube du troisième millénaire, les flux migratoires européens se sont inversés du nord vers le sud, créant artificiellement un solde démographique légèrement positif pour les pays grésignols compensant un déficit marqué des naissances par rapport aux décès. L’arrivée de nouvelles populations permet ainsi de maintenir autour de la Grésigne une densité de population souvent âgée et encore très faible voisine du seuil de désertification (moins de 10 habitants au km2).

Devenant un espace d’accueil dans un environnement rural recherché pour ses qualités naturelles et patrimoniales, les années à venir confirmeront si l’espace grésignol peut contribuer à faire émerger de nouvelles fonctions rurales et forestières, autres que celles des fonctions agricoles et vivrières purement traditionnelles, pour répondre à des besoins sociaux nouveaux dans le cadre d’une société devenue aujourd’hui de plus en plus urbanisée et de plus en plus concentrée.

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